Un jour de neige comme les autres...

Alors que vendredi je me réjouissais des joies de la neige, que samedi matin je m´en complaisais, puis m´en régalais à midi, quelqu’un eut le malheur de se plaindre de ce phénomène naturel, en le qualifiant de « fléau ».
Un fléau?

Avez vous oublié avec quelle délectation nous courrions nous rouler dans cette poudre glacée, enivrante plus qu'une drogue, à nous rouler, nous éclabousser, à nous en mettre plein la gueule quand nous étions enfants ?

En mettre dans le décolleté des filles, les pantalons des garçons, sur la chaise du prof, ou bien encore qu’en sais-je sur la cuvette des toilettes (histoire de geler les fesses des suivants) , sur le trottoir d’en face pour que la vilaine voisine se torde la cheville … Et j’en passe et des meilleures.

Avons-nous oublié toutes ces joies?

Maintenant nous pestons, nous râlons, nous fulminons quand tombe l´étincelante poudre du ciel, nous pleurons en décapant nos voitures prisonnières du gel, nous maudissons l´hiver en répandant le sel sur nos trottoirs pour que bobonne ne se casse pas la cheville, ….

Pour ma part, j’aime regarder mes voisins râler quand ils doivent conduire leurs larbins à l´école, risquant leur vie sur les étendues de glaces que sont les routes belges, risquant à chaque minute leur vie pour une éducation dont leurs enfants les remercieront plus tard en brûlant des voitures, ramenant des filles chaque soir, des mauvaises notes….

Jusque ici, la situation est encore supportable, mais voilà jusqu´à ce qu’un idiot en face vous lance une boule de neige dans la figure ; puis que le facteur ne passe pas (à cause du temps !) apporter votre courrier le jour de votre salaire ; que la SNCB fait une énième grève prétextant le temps, que le TEC soit hors service car trop de neige, ce qui vous oblige à quitter la chaleur de votre foyer pour conduire madame au boulot

Finalement, quand vous n´en pouvez plus, au soir, que vous êtes mort, lavés, délavés, trempés jusqu´aux os, gelés comme un canard ,vous vous dites que ce n´est pas si mal. Et vous vous appuyez doucement sur une brasero chauffé à la température du four pour la dinde de Noël.
Maintenant que vous êtes bien, que vous vous plaisez et vous habituez à ces conditions climatiques, il se met soudain à dracher.